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Rosalía | Spiritualité(s) et révolution

Juan Palao

Avec LUX, sorti le 7 novembre 2025, Rosalía clôt une tétralogie commencée avec Los Ángeles, poursuivie par El Mal Querer et Motomami. Quatrième album et peut-être le plus spirituel, LUX marque un tournant intérieur dans la trajectoire d’une artiste qui n’a cessé de redéfinir les frontières entre le sacré et la pop. Entre Marrakech, la mystique soufie et les échos de la modernité occidentale, Rosalía construit une cathédrale sonore où la foi, le corps et la révolte se confondent — un disque-monument, intime et cosmique à la fois. 

* * *

Rosalía rend deux beaux hommages à Marrakech dans son dernier disque LUX (2025), son quatrième, qui accomplit aussi une tétralogie avec Los Ángeles, El Mal Querer et Motomami (2022). LUX se divise en quatre mouvements. Dans le premier, dans le thème Reliquia, elle dit “la pureté est en moi / et elle est à Marrakech”, en faisant référence à son séjour dans la Ville Ocre où il semblerait qu’elle ait pu rompre avec le cycle de désintégration de sa vie, où les villes racontent les étapes et les bouts d’elle-même, les plumes laissées dans les batailles (une autobiographie très bien articulée). La deuxième référence à Marrakech, et précisément aux femmes de Jamaa El Fna qui lisent les mains et font des tatouages au henné, apparaît au début de La Yugular.

Cette chanson, un geste pour son public arabe international et aussi pour la Palestine, fait référence dans le titre à une image divine du Coran, dans la sourate 50 (Al Kahf / La Caverne) quand Dieu affirme être plus près de l’être humain que sa veine jugulaire. Rosalía introduit de manière absolument contrôlée un exceptionnel vers poétique, associé à la soufie pionnière arabe Rabia Al Adawiya. “Pour lui je détruirais ciel et enfer, sans avoir à promettre ou menacer”. On dit “contrôlé” parce que la langue arabe dans une prononciation qui me semble égyptienne chante dans la tonalité si aigüe de Rosalía le vers, tout en l’intégrant dans un tissu musical original de Rosalía, flamenco, de soleá.

Elle n’a pas fait d’incursions significatives dans des sonorités arabes pour chanter l’arabe. Elle a cherché dans la langue arabe et l’islam des symboles pour son propos sans la moindre touche orientaliste, dans un disque, LUX, qui ne nie rien de ses conquêtes et passions dans les genres musicaux les plus divers, du reggaeton à Vivaldi, de Camarón aux Carmina Burana. Et pourquoi ? Parce que la Palestine est occupée, loin. Parler d’occupation avec pudeur.

La sphère de la critique musicale sur YouTube bouillonne dans l’admiration et l’analyse du disque et de son thème phare, Berghain, qui est aussi un film court, avec un univers de Blanche Neige qui tourne au cauchemar des plus féministes. On participe de l’enthousiasme et l’émotion planétaire.

Après les premières écoutes générales, on sent beaucoup plus les musiques “récentes” pop dans le LUX de Rosalía. Et ça penche de plusieurs côtés. Pour les slows (Sauvignan Blanc, Magnolias), c’est une sérieuse reprise de Céline Dion, Mariah Carey, et beaucoup du grand groupe espagnol Mecano. Mais aussi Kanye West, qu’on ne connait pas bien mais qui me semble avoir bien pioché dans le son d’église.

LUX sonne à église postmoderne du XXIᵉ siècle, œcuménique. Très proche du courant évangéliste qui traversa et traverse la communauté gitane ou romaní en Espagne, et de manière significative, Rosalía emploie le nom caló de Dieu, Undibel (La Yugular). Et toute une série de grandes dames de la chanson espagnole que, pour plein de raisons bourdieusiennes, on n’a pas écouté vraiment, comme La Pantoja ou Rocío Jurado.

Mais ce qui est tout aussi génial, c’est qu’avec Motomami (2022) elle a fait un master++++ en son industriel techno américain et latino qui a été éprouvé depuis trois décennies par le nombre infini de groupes et solistes de tous les genres urbains dans les studios de la grosse industrie de l’Empire/Amérique. Elle a fait, comme on dit en espagnol, l’Amérique (hacer las Américas). Mais elle ramène en mains propres une fortune de sons, de contacts dans l’industrie de la production, de la musique pro, des tops dans leurs domaines.

Et toujours très américain, c’est à la fois la religion et la révolution.

Juan Palao (Madrid, 1978)

Philologue, poète et traducteur galicien.
Il vit et travaille au Maroc (Marrakech)

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