SOMA

Simohammed Fettaka & Amélie Giacomini
« Alors qu’autrefois l’humain concevait des espaces dédiés au bien être des pigeons, aujourd’hui il travaille une infrastructure qui s’applique à les éloigner. Les exiler vers des bords, “là où des espaces et des temps et des groupes humains s’abstiennent les uns des autres, dans le confinement de quelques-uns au sein d’une étroite enclave et dans l’introuvable expérience d’un côtoiement [1]».
Par la fiction nous tissons le récit au sein d’un territoire désertique délaissé et refoulé, territoire de l’exil. La narration se construit à travers une errance ou la marche devient leitmotiv. « Autrement dit, le récit n’avance qu’à la manière d’un flux de temps à l’intérieur du plan, et réalise ainsi l’expectative, si proche de Tarkovski, de transformer ce qui est cinématographique en une élaboration sculpturale dans laquelle le temps est modelé par de petits événements[2]».
Dans cette errance, le calme étrange du désert est rompu par le chant d’un oiseau. Il parle. « Dans ce parlement, le vieux roi est invité à renoncer à sa position de maîtrise pour devenir l’interprète, le traducteur de ce qui s’invente et se crée avec ou sans lui, contre lui ou par sa faute. On imagine pour se représenter la scène symbolique de cette transformation le passage de la position de l’homme comme auteur, écrivain du devenir, à la position de traducteur de devenirs – une infinité de figurants sans répliques devenant des scénaristes, des producteurs d’histoires, tous à la fois sujets de fictions et fictions de sujet[3]».
Le texte est extrait du recueil de poème du XIIème siècle intitulé La conférence des oiseaux de Farid al-Din Attar qui relate le voyage et les interrogations d’un groupe d’oiseaux composé de plusieurs espèces.
Simohammed Fettak (Tanger, 1981)
Après une formation à la Femis (Ecole Nationale Supérieure des Métiers de l’Image et Son) de Paris, Simohammed Fettaka fonde, en 2008, le festival Cinéma Nachia à la cinémathèque de Tanger. En parallèle de son travail filmique (documentaires et vidéos expérimentale), il développe une pratique plus globale d’artiste visuel, s’incarnant dans des séries photographiques, des collages, des installations, ainsi que des pièces sonores, régulièrement exposés en France et à l’international. Il complète sa formation par un master « Programme d’expérimentation en Arts et Politiques » à l’Institut d’études politiques de Paris, ce qui témoigne de sa volonté de questionner de manière récurrente les rapports entre représentation, individualité et politique. Observateur attentif de nos habitudes, de nos croyances et de nos certitudes, il parcourt le monde et multiplie les collaborations artistiques.
Amélie Giacomini (Lyon, 1988)
Vit et travaille entre Marrakech et Paris Constituant une forme de récit visuel et sonore, avec des performances en direct ou filmées, Amélie Giacomini et Laura Sellies réalisent des installations qui conjuguent sculptures et corps en action, à partir de récits tirés de la mythologie, de la littérature ou encore en lien avec l’architecture.